Le temps des partisanes
Le concept de marché de gros voit le jour à Marseille en 1840. Les Partisanes (celles qui répartissent), agissent comme des intermédiaires commerciales en revendant des marchandises au détail achetées auprès des grossistes. A cette époque, elles assurent près de 65% du trafic sur le marché.
Le marché a connu plusieurs déménagements : d’abord installé Boulevard du Muy et Boulevard du Nord, en 1848 ils sont regroupés Boulevard du Musée, puis de nouveau rétablis en 1849, jusqu’en 1860 où ils seront à nouveau regroupés Boulevard du Musée et Cours Julien sous le nom de Marché Central d’Approvisionnement.
Le 12 avril 1871, la Municipalité crée une vente à la criée où les produits locaux sont vendus au détail, aux enchères montantes et publiques. Le travail des Partisanes est ainsi quelque peu réduit. Suite à cette création, on compte près de 21 criées sur le Cours Julien.
Un marché en devenir
Dès le début du XXe siècle, le marché de gros évolue et prend de l’ampleur. Les producteurs, voyant les Partisanes et les criées trop rémunérées pour le travail effectué, en demandent la suppression et réclament la création d’un véritable Marché Central. Cette demande aboutit à la création d’un marché de production à la Plaine Saint-Michel. Il comporte 141 emplacements que le syndicat des producteurs est chargé de répartir entre ses 2000 adhérents. Les Partisanes - dont le nombre est de 225 en 1905 - deviennent pour la majorité d’entre elles de simples revendeuses.
Sur les 50 grossistes de cette époque, 20 des plus importants sont des importateurs et ont des annexes Quai de la Joliette.
En parallèle, en 1909, la criée s’installe sur le Vieux-Port de Marseille, quai de Rive Neuve. Pendant près de 70 ans, il sera le lieu de rendez-vous entre pêcheurs et poissonniers et où les poissons se vendent en gros.
Naissance d’un vrai statut de marché
Le statut de MIN est créé en France en 1953. Il répond à une volonté de réorganiser le réseau de commercialisation sur un plan national. Le marché de Marseille obtiendra ce statut en 1968. A ce moment-là, il est déjà géré par la SOMIMAR (Société d’Économie Mixte pour la Construction et l’Exploitation du marché) qui a été créée en 1963. En effet, dans les années 1960, il y a à Marseille une volonté d’améliorer les circuits de distribution des produits périssables et de désengorger le centre-ville et le Cours Julien.
La naissance des Arnavaux
La Ville de Marseille fait l’acquisition du terrain des Arnavaux et charge la SOMIMAR de construire le marché et ses extensions, de les exploiter et d’assurer un environnement favorable aux différentes activités. Les travaux de terrassements généraux sur le terrain des Arnavaux sont achevés fin 1969. La construction des 2 bâtiments des grossistes et des 3 carreaux des producteurs débute en avril 1970 et s’achève en août 1971. Les bâtiments des grossistes font chacun 304m de long sur 24m de large et les 3 carreaux des producteurs, sous forme d’allées marchandes couvertes, font chacune 126m de long sur 24m de large. En 1972, le MIN des Arnavaux ouvre ses portes. Au départ, il est exclusivement consacré au commerce de gros des Fruits et Légumes (grossistes et producteurs).
Transfert vers le Port de Saumaty
L’idée d’améliorer et de réorganiser les circuits de commercialisation du poisson à Marseille germe dès 1964. Conscients que les installations existantes Quai de Rive Neuve cumulent les inconvénients de l’exiguïté, de la vétusté et des difficultés de circulation, la Ville de Marseille et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille sont à la recherche de terrains pour créer un Port de Pêche et un Marché aux Poissons Moderne.
La municipalité décide, en 1970, de transférer la halle aux poissons du Vieux-Port vers le nord de Marseille, près de l’Estaque. Saumaty est d’abord un bassin, construit dans la lignée des bassins du port autonome de Marseille dans les années 1920 à 1940. Une première digue sud voit le jour en 1921. Vers 1956, la digue de Saumaty est créée. Un site pratiquement vierge, à l’entrée du quartier de l’Estaque, qui séduit les pouvoirs publics en quête d’un nouvel espace pour pallier les inconvénients de vétusté, difficultés de circulation et de stationnement du Vieux-Port.
En 1968-1969, les services du Port Autonome de Marseille lancent la construction de la première darse du port de pêche. Inauguré en 1976, le port de Saumaty connaît alors une activité florissante.
Aujourd’hui, le port accueille les installations dédiées à la pêche, comme une tour à glace, une halle à marée, une criée, des boxes pour les pêcheurs et des ateliers de mareyage.
Construction de la rocade L2
Le projet de construction de la rocade autoroutière, qui permet de contourner Marseille par la mise en relation des autoroutes A7 et A50, est inscrit dans les plans de la Ville depuis les années 1930. Maintes fois repoussés, les travaux ont débuté dans les années 1990 et la section Nord, qui passe par les Arnavaux, a été ouverte à la circulation en 2018.
Considéré comme un mal dans un premier temps - le MIN perd près de 8 hectares de surface foncière et 25 000 m² d’entrepôts sont détruits au profit de la L2, le projet se révèlera être un atout majeur puisque c’est suite à cette perte de surface qu’a été pensé et lancé le projet de modernisation du MIN. En effet, en facilitant l’accès au MIN pour la clientèle de l’Est des Bouches-du-Rhône et du Var, il a donné un réel coup de boost au Marché.
Et le MIN n’a pas terminé de capitaliser sur ces infrastructures de desserte : son emplacement au carrefour d’axes de circulation majeurs lui confère un positionnement stratégique pour répondre aux enjeux de logistique du dernier kilomètre, de désaturation des voies de circulation et de réduction de la pollution en centre-ville.
Le MIN de Marseille devient le « Marché Marseille Méditerranée »
Depuis sa création, le marché n’a cessé de se moduler, adaptant son offre et ses infrastructures aux besoins de ses entreprises, de la ville et de ses habitants. Aujourd’hui encore, il est en perpétuelle ébullition et met en place des projets ambitieux afin de répondre aux enjeux de notre société : environnement, logistique et solidarité sont au cœur du plan de transformation lancé depuis plusieurs années. S’il est engagé pour son territoire, il est aussi résolument tourné vers la Méditerranée. Ville-monde depuis son origine, la cité phocéenne, grâce à sa position unique sur le bassin méditerranéen, est le point de rencontre naturel entre l’Europe et l’Afrique et, depuis toujours, le Marché échange non seulement des produits mais aussi des idées avec ses interlocuteurs d’outre-Méditerranée. C’est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, tant les enjeux pour l’avenir de l’Europe et ceux de l’Afrique sont imbriqués.
En 2020, le MIN a souhaité retranscrire cette philosophie et cette dynamique à travers son nom et, ainsi, est devenu le « Marché Marseille Méditerranée ».
La société gestionnaire du MIN change de statut
En janvier 2024, la SOMIMAR, société d’économie mixte (SEM) qui gérait le Marché d’Intérêt National de Marseille depuis son installation sur le site des Arnavaux en 1972, est remplacée par la Société Publique Locale (SPL) Marché Marseille Méditerranée dont la Métropole Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille sont les actionnaires. Ce changement de statut permet d’actualiser le contrat entre les collectivités et la société gestionnaire et de l’adapter aux nouveaux enjeux du MIN et du territoire.